L'enfant de l'enfer by Cathy Glass

Auteur:Cathy Glass [Glass, Cathy]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Archipoche
Publié: 2018-10-15T00:00:00+00:00

17

Famille à problèmes

Je pensais que Susan se réjouirait d’apprendre qu’Aimée s’était fait des amies à l’école. J’espérais que ça la mettrait dans de bonnes dispositions et que, quand nous nous verrions à la sortie du centre familial, elle pourrait être de meilleure humeur, s’adresser à moi de façon plus civilisée, ou même m’ignorer. Mais non : à 17 h 30, quand Aimée et sa mère firent leur apparition dans le hall, Susan était toujours aussi agressive et furieuse.

— T’as vu son sweat, dans quel état il est ?

Elle me montrait le sweat-shirt d’Aimée, couvert d’une large tache de chocolat. Le visage d’Aimée en était aussi barbouillé.

— Si je l’envoyais à l’école comme ça, on me collerait les services sociaux au cul ! Alors toi, tu vas pas y couper ! Je porte plainte demain !

Aimée n’était pas allée à l’école avec un sweat sale, ni même au rendez-vous avec sa mère. Elle s’était donc salie pendant leur entrevue, avec du chocolat que Susan lui avait apporté. Mais je savais que c’était inutile de le lui faire remarquer. Essayant de la calmer, je répondis donc d’une voix détendue :

— Ne vous inquiétez pas, ça partira au lavage.

La superviseuse, évidemment, ne disait rien.

Susan roula le bas de pantalon d’uniforme d’Aimée sur son mollet. Elle avait un petit bleu sur le tibia, comme ceux que se font les enfants en jouant.

— Et c’est quoi, ces bleus sur ses jambes ? D’où ça vient ?

— Elle a dû tomber dans la cour. Aimée vous a dit qu’elle s’est fait des amies ?

— Elle a toujours eu des amies !

Je me demandais si cette nouvelle était la cause de son irritation. Susan était peut-être jalouse de moi, car Aimée avait réussi quelque chose où elle avait toujours échoué quand elle était avec elle. Je préférai ne pas réagir à ce commentaire, pas plus qu’à ses autres remarques négatives. Susan continua à m’accabler de reproches au sujet de la tenue de sa fille, des repas que je lui préparais, de ma façon de m’occuper d’elle – toutes choses que j’avais déjà entendues mille fois. Je l’écoutais patiemment, me disant que c’était sans doute plus fort qu’elle et qu’elle était plus à plaindre qu’autre chose. Mais sa dernière remarque me fit exploser.

— Et dis à ton fils et à ses potes de ne plus toucher à ma gosse !

Mon cœur s’emballa d’un coup et je laissai éclater ma colère.

— Quoi ? Comment vous osez…

— T’as laissé ces mecs tripoter ma petite fille ! J’ai prévenu les services sociaux, ils vont te choper !

J’étais tellement furieuse que je ne savais pas si je devais pleurer ou la frapper.

— Je ne sais vraiment pas quoi faire avec vous ! J’ai essayé de travailler avec vous, mais vous êtes impossible ! Pas étonnant que tous vos enfants vous aient été retirés ! Je ne veux plus entendre parler de vous et de vos mensonges vicieux !

Puis, à l’intention de la superviseuse :

— Je vais attendre dans la voiture !

Tremblante, les joues rouges et brûlantes, je quittai le centre sans me retourner.

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